Aujourd’hui, la spiritualité se vend partout. Elle s’affiche sur les réseaux, se décline en stages, en soins, en guidances, On y parle de fréquences, de blessures d’âmes, de karma, d’alignement, de guides, d’archanges. On y promet la guérison, l’abondance, la « mission de vie… Mais à force de voir les mêmes phrases circuler, les mêmes codes se répéter, une question s’impose :

vit-on encore une expérience intérieure ? Ou rejoue-t-on un scénario spirituel collectif, rassurant, mais sans fondation réelle

La croyance est au cœur de cette spiritualité moderne. Le mot « croyance » vient du latin credere, qui signifie faire confiance. C’est une chose à laquelle on donne foi, souvent sans preuve, mais qui influence profondément notre manière de voir le monde. On ne vérifie plus : on adhère. On ne vit plus : on se conforme à un modèle spirituel que d’autres ont installé avant nous.

Et plus on y croit, moins on doute. Et moins on doute, plus on confond le ressenti avec la vérité.

On commence à dire je ressens donc c’est vrai, oubliant que l’émotion n’est pas un GPS fiable. Elle est filtrée par nos blessures, nos histoires, nos attentes.

C’est là que la spiritualité peut basculer : elle devient dogmatique. Ce qui devait libérer devient une nouvelle prison. Un monde avec ses codes, ses castes, ses bons et ses mauvais, ses éveillés et ses « endormis, ses hautes vibrations et ses basses fréquences. Une sorte de spiritualité pyramidale où l’on grimpe des niveaux en croyant s’élever, alors qu’on répète seulement ce qu’on nous a transmis, sans jamais l’avoir vécu.

Derrière les paillettes du développement spirituel, on trouve bien souvent de l’ésotérisme, parfois déguisé. On y parle de magie blanche, de rituels de pleine lune, d’entités à « faire monter à la lumière », d’attaques psychiques ou de liens karmiques à couper. Ce n’est pas le mot « spirituel » qui est le problème. C’est l’amalgame : on appelle « ange » ou « guide » ce qui, souvent, n’est qu’une forme énergétique créée par des siècles de croyances humaines. Un égrégore, une construction mentale collective qui peut répondre… mais qui n’est pas ce que l’on croit.

Un vrai ange, si tant est que cette conscience existe, ne dit pas tu es sur le bon chemin, ou « tu vibres trop bas, ou encore « tu dois travailler sur toi ». Un vrai ange ne te flatte pas, ne te donne pas de mission, ne te place pas au-dessus des autres. Il est neutre. C’est une fréquence, pas un conseiller personnel. Tout ce qui flatte, rassure, inquiète ou juge n’est probablement pas un « guide »… mais un reflet de notre propre mental, ou un résidu collectif auquel on s’est connecté.

Et dans ce flou, l’intuition devient parfois suspecte. On croit « ressentir » que telle personne est toxique, que telle autre veut « voler notre énergie ». Mais l’intuition est souvent infiltrée par notre peur. Ce qu’on appelle « perception fine » est parfois un mécanisme de défense bien rôdé. Et plus on renforce la croyance qu’on est attaqué, plus on isole notre propre énergie. À force de vouloir se protéger de tout, on finit coupé de tout.

Parce qu’au fond, personne ne peut voler ton énergie. Ton énergie, c’est toi. Elle est unique, comme ton empreinte, comme ton ADN. Ce qui t’épuise, ce n’est pas l’autre : c’est ce que tu crois qu’il peut te faire. C’est toi qui donnes, en pensant devoir sauver, guérir, comprendre. Tu entres dans une posture de sauveur, de thérapeute, de canal… et tu deviens une passoire, tout simplement parce que tu ouvres trop, pour les mauvaises raisons.

Alors, que reste-t-il ?

Il reste l’expérience. Celle que personne ne peut faire à ta place. Celle que tu ne peux pas lire dans un livre ou recopier d’un stage. Une spiritualité vécue, et non apprise. Une présence à soi, ancrée, honnête, simple. Il ne s’agit pas de nier les mondes subtils, ni de rejeter toute croyance, mais de retrouver le goût du réel : ressentir, essayer, se tromper, recommencer, sentir ce qui vibre pour soi, pas parce qu’un autre l’a dit.

La vraie spiritualité ne cherche pas à convaincre. Elle ne vend rien. Elle ne promet pas l’amour, la guérison, l’éveil. Elle invite à la conscience, dans l’instant.

Et peut-être que le plus haut niveau spirituel, ce n’est pas de « parler avec les guides », mais de se parler vraiment à soi-même.

Merci à toi qui lis cet article. Merci si tu le partages, si tu le fais circuler, si tu en fais un support de réflexion. Merci si tu l’utilises pour interroger ce que tu crois vrai… pas pour casser, pas pour juger, mais pour retrouver ta propre autorité intérieure.

Celle qui ne se copie pas. Celle qui se vit.